17

 

Je tiens les positions des rois et des gouvernants pour celles de grains de poussière… Je considère le jugement du bien et du mal comme la danse serpentine du dragon, et l’émergence et le déclin des croyances comme des traces laissées par les quatre saisons.

Bouddha.

 

Crista Galli était étendue sur une couchette relevable dont le cuir était légèrement imprégné de l’odeur de Rico. Les yeux mi-clos, elle agrippait les accoudoirs de ses deux mains. Elle avait toujours eu peur de la foule et du bruit, tout au moins depuis qu’elle avait été expulsée par le varech, cinq années auparavant. Ses souvenirs de la période antérieure semblaient irrémédiablement perdus.

Le cuir moelleux de la couchette et les parois de la cabine spacieuse étouffaient les clameurs du port. Ses compagnons avaient fini de larguer les amarres et revenaient dans la cabine. Sur l’écran du pilote, un cercle vert clignota pour chaque porte verrouillée derrière eux.

Leur pilote, qui était une femme à l’air sévère et sensuel, âgée de trente-cinq ans environ, prépara les pompes alimentant les ballasts et activa les différents systèmes de préplongée. Elle accompagnait chaque séquence d’un commentaire sec et acheva sa vérification en annonçant :

— Caissons en cours de remplissage.

Trois réservoirs de carburant s’embrasèrent à ce moment-là au milieu de la baie où l’incendie faisait rage. Crista Galli eut la respiration coupée sous l’effet de la déflagration. Une triple furie de flammes surgit de l’eau à leur proue, faisant faire une embardée sur tribord à l’hydroptère. Ben et Rico refermèrent hermétiquement la cabine et se sanglèrent dans leurs fauteuils.

— On plonge ? demanda Rico, qui se mit à rire.

La femme qui pilotait ne sourcilla pas.

— Aucun message de la sécurité, annonça-t-elle. Profondeur de vingt mètres obligatoire jusqu’au franchissement de la marque 557.

Depuis qu’elle était montée à bord de l’hydroptère, Crista Galli ressentait, malgré l’agitation à l’extérieur, une sérénité qu’elle n’avait pas connue depuis plusieurs années. C’était comme si quelque chose l’attirait vers l’entrée du port, vers la mer libre au-delà. Ben sortit de sa poche une sucette d’enfant et la lui tendit.

— Cela vous soutiendra un peu, dit-il. Dès que nous aurons quitté le port, nous pourrons dévaliser la cambuse. L’air de la cabine n’est pas trop sec pour vous ?

— Non, dit-elle en secouant la tête. Il est comme il faut. Il n’y a pas de différence avec la chambre que j’avais à la Résidence.

C’était l’air frais, traité, que Crista Galli avait respiré durant les cinq dernières années. Il n’était imprégné ni de l’odeur de charbon et de poisson grillé des rues, ni de l’iode marin, ni des rares senteurs que le vent apportait parfois des plateaux. C’était un air aseptisé, privé de toute son humanité, cette humanité même qui idolâtrait Crista Galli et qu’elle ne connaissait que depuis moins d’un jour.

La matinée était déjà avancée. Le deuxième soleil commençait à se détacher de l’horizon. Crista sentait l’effet de la lumière solaire dans les pulsations de tout son être. Elle avait maintenant quitté la Colonie. Quelles que soient les circonstances, son intention était de ne jamais y retourner, de ne plus jamais accepter d’être prisonnière entre quatre murs.

Méfie-toi, lui disait une voix séculaire intérieure, de ne pas devenir prisonnière des actions ou des mots. Et souviens-toi que chaque fois que tu fais un choix, tu renonces à ta liberté de choisir.

Ce n’était pas elle qui avait choisi d’apparaître parmi les humains. Et depuis lors, Flatterie non plus ne lui avait laissé aucun choix. Elle avait été arrachée aux frondaisons du varech pour être déposée dans la corbeille du Directeur. Et elle se disait que si les Pandoriens la considéraient comme une déesse, il était temps qu’elle se comporte ainsi.

Maintenant que l’eau commençait à entourer l’hydroptère de toutes parts, elle sentait affluer dans son sang une énergie qu’elle n’avait jamais ressentie avant.

Que pouvait-elle faire pour venir en aide à tous ces gens qui demeuraient des étrangers pour elle, et pour s’aider elle-même en cette occasion ? Même Ben, pour qui elle ressentait pourtant de l’amour, était un étranger.

Elle avait essayé chaque jour, durant cinq années, sans le moindre résultat, de retrouver des souvenirs de sa vie antérieure.

Tous ces gens sont des étrangers. Tout le monde.

Ce n’était pas la première fois que cette pensée lui venait, mais elle ne lui donnait pas, aujourd’hui, l’impression de solitude qu’elle lui avait donnée dans le passé. La différence était qu’elle avait touché Ben Ozette et lu en lui qu’il avait aussi ce genre de pensée à l’occasion, bien qu’il eût vécu toute sa vie parmi les humains.

C’est cela qu’ils pourraient apprendre au contact du varech. Nous ne sommes pas seuls parce que nous sommes des éléments de la même entité.

Elle écouta Rico, qui grommelait tout haut sans s’adresser à personne en particulier :

— Le Quartier central ne va pas être content. Elle ne devait en aucun cas approcher de la mer. Naturellement, si ça ne leur plaît pas, ils peuvent toujours venir ici nous donner un coup de main pour remplacer le terrain d’aviation qu’ils nous avaient promis.

Elle sentait que Rico était beaucoup plus à l’aise depuis qu’il se trouvait à bord de l’hydroptère. Il lui avait souri, finalement ; et s’il bougonnait, c’était plus par habitude que pour autre chose.

— Tu es déjà montée à bord d’un hydroptère ? lui demanda Ben.

— Jamais, dit-elle tandis que ses grands yeux mobiles s’efforçaient de tout embrasser à la fois. Je les admirais de loin. Celui-ci est vraiment magnifique.

— Il y a trois modes de propulsion, dit-il en désignant les diagrammes de son panneau de contrôle. Cet appareil est le plus performant de Pandore, que nous soyons sur l’eau, sous l’eau ou dans les airs. En surface, le mode hydroptère est rapide, mais les montants des patins se prennent trop facilement dans le varech quand il est dense. Le Modèle Un, quand il n’est pas en vol, utilise le bon vieux convertisseur Bangasser pour extraire l’hydrogène de l’eau de mer, qui est une source virtuellement inépuisable de carburant. Si nous prenons l’air, nous ne devrons pas oublier que les réservoirs se videront.

Il regarda le tableau de bord, par-dessus les épaules indifférentes d’Elvira, et haussa les siennes.

— Nous descendons, dit-il. Leurs lasers ne valent pas grand-chose en immersion. Mais cela signifie qu’ils pourront nous suivre aisément à la trace. Les couloirs du varech sont tous étroitement surveillés.

— Il y a des chances pour que ce soit quelque chose de beaucoup plus gros que Flatterie qui nous suive à la trace, interrompit Rico. Haut les cœurs ! On descend !

Il marqua un temps d’arrêt puis, comme Ben ne faisait pas de commentaire, aida Elvira à préparer la manœuvre de plongée. Chaque membre de l’équipage s’occupa avec compétence de la tâche qui lui revenait sur son pupitre tandis que Crista contemplait l’eau qui glissait sur les hublots de la cabine.

L’ironie voulait que l’homme le plus à même de comprendre l’existence qu’elle avait menée au sein du varech fût précisément Flatterie. Au cours de sa longue hybernation, celui-ci était demeuré dans un état intermédiaire entre la vie et la mort, ses fonctions vitales assistées et contrôlées par différents dispositifs à l’intérieur et à l’extérieur de son corps. D’après les gens qui travaillaient dans les labos de Flatterie, Crista Galli avait vécu en symbiose avec le varech grâce aux millions de filaments en elle qui la nourrissaient et respiraient à sa place. Ils disaient que ces minuscules flagelles l’avaient fait vivre durant ses vingt premières années, jusqu’à ce que Flatterie détruise la formation de varech où elle se trouvait pour faciliter les opérations de son Contrôle des Courants.

— C’est comme si j’étais restée à l’état embryonnaire jusqu’à l’âge de vingt ans, avait-elle expliqué à Ben. Je ne vois pas d’autre manière de formuler cela. On ne se nourrit pas, on ne respire pas, on ne bouge pratiquement pas. Les seules créatures que l’on rencontre se trouvent dans les rêves inspirés par l’Avata. À présent, je ne sais plus faire la différence entre le rêve et moi, tout cela est tellement confus… En fait, il n’y avait pas de « moi » jusqu’à… jusqu’à ce jour fatidique. Mais Flatterie est le seul à savoir ce que l’on ressent, avec ce Nano Macintosh et aussi ce cerveau que Flatterie est en train de connecter à sa nef spatiale.

— Tout cela est monstrueux, avait dit Ben, et elle s’était rendu compte, à ce moment-là, qu’il avait probablement raison.

En plongée, les vibrations des réacteurs étaient si fortes qu’elles la ballottaient dans son fauteuil d’un bras à l’autre, en forçant son attention à se concentrer sur le moment présent.

Crista refoula une larme. Elle ne pouvait détourner son regard des eaux vertes qui surgissaient à l’avant de la cabine.

Il y a une loi qui interdit qu’on me touche !

Elle repensa au baiser, celui qui n’avait duré que l’espace d’un battement de cils en temps réel, mais qu’elle revivrait à jamais dans son esprit. Malgré le climat tropical de Kalaloch, elle portait les vêtements couvrants prescrits par le Directeur. Mais cela ne l’empêchait pas, quand elle était toute seule dans ses appartements, de s’en défaire souvent, sans se soucier des capteurs de Flatterie qui étaient partout.

La moindre portion de son épiderme laissée à nu vibrait en harmonie avec la brise et la lumière. Rien n’attirait son attention autant que les milliers d’infimes contacts physiques, dans une journée, entre les humains qui l’entouraient. Il lui était devenu difficile de se sentir vraiment humaine. Aujourd’hui qu’elle avait eu, pour la première fois, un aperçu de l’idolâtrie dont l’entourait le peuple, elle sentait faiblir encore plus les brins de la longe effrangée qui la retenait prisonnière.

Une brusque variation dans la pression intérieure de la cabine lui fit siffler les oreilles et le grand dôme en plazverre fut totalement immergé. Elle s’aperçut qu’elle avait retenu sa respiration et s’efforça de se détendre. Elle entendit des murmures de voix qui s’enflaient et s’amenuisaient au rythme des pulsations des réacteurs.

— Tu te sens bien ?

Crista se sentit flotter, au-dessus de la voix de Ben, jusqu’au plafond de la cabine puis à travers lui et encore plus haut, au-dessus de la Colonie. Elle volait à mille mètres au-dessus de Kalaloch et sous elle grouillait une masse de tentacules marron.

Elle était une gyflotte. Ses larges membranes véliques se déployaient au vent pour suivre l’ombre floue de leur hydroptère en train de progresser sous l’eau. Elle avait conscience d’être à l’intérieur de l’appareil, mais elle sentait en même temps le moindre souffle d’air glissant sur le corps souple de la gyflotte.

Ben Ozette était en train de l’appeler par son nom, à peine audible à cette distance. Il lui semblait être reliée à lui par un cordon ombilical, dont il se servait, comme d’un filin qu’il halait main sur main, pour la remonter jusqu’à lui.

Ben lui toucha la joue et elle se réveilla soudain. Il ne retira pas sa main.

— Tu m’as fait peur, dit-il. Tes yeux étaient grands ouverts et tu ne respirais plus.

Tandis qu’elle se redressait sur le siège couchette, résistant à la douce pression de sa main, elle vit Rico qui se penchait également vers elle, une trousse médicale ouverte à ses pieds. Il avait mis des gants. À la place du ciel bleu qui couronnait tout à l’heure la cabine, elle vit la pénombre gris-vert des profondeurs intermédiaires. Ils suivaient l’une des artères de circulation du varech et elle savait, d’une manière ou d’une autre, qu’ils étaient déjà sortis du port et qu’ils avaient mis le cap sur le nord.

Rico avait les yeux rivés sur la main de Ben caressant la joue de Crista.

— J’étais loin d’ici, leur dit-elle. Au-dessus de la mer. J’étais une gyflotte et je voyais l’ombre de cet appareil pendant que vous me rappeliez auprès de vous.

Ben éclata d’un rire sec et nerveux.

— Une gyflotte ? C’est un drôle de rêve.

 

Outre dans le ciel

Comme ses tentacules frétillent

En mon honneur…

 

Tu te souviens de cette chanson ? « Un petit tour et puis s’en vont… »

— Je me souviens surtout qu’elle contenait d’insipides calembours qui se moquaient de la fonction de sporulation des gyflottes. Et il ne s’agissait pas d’un rêve.

Elle vit le ton cassant de sa voix reflété dans les lèvres serrées de Ben et elle ne savait plus comment faire pour les desserrer.

Rico se tourna sans dire un mot et rangea la trousse sous son siège. Crista flaira quelque chose qui ressemblait à de la colère, et quelque chose qui ressemblait à de la peur rayonnant du dos tourné de Rico. Tous ses sens refluèrent à l’intérieur de son corps tremblant, en la propulsant dans un état d’hypersensibilité qu’elle n’avait jamais connu avant.

Le paysage sous-marin de bleus et de verts se brouilla, en passant devant elle, comme la colonie s’était brouillée sur son passage. Trop d’émerveillement, trop peu de temps pour l’apprécier.

Le Facteur ascension
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